Transférabilité des compétences versus recrutement "plug & play"

TRANSITION DE CARRIÈRE

La plupart des personnes désirant réorienter leur carrière professionnelle peinent à convaincre leurs futurs employeurs de la transférabilité de leurs compétences. Dans un monde professionnel en constante et rapide évolution, les employés peuvent pourtant être souvent confrontés à une telle situation. Cela peut déjà commencer au moment de la transition entre la carrière universitaire et le secteur privé, puis apparaître tout au long du parcours professionnel parsemé dorénavant de multiples changements de cap.

RECRUTEMENT « PLUG & PLAY »

En effet, la grande majorité des titulaires d’un doctorat ès sciences techniques ou de diplômés ayant commencé leur carrière comme chercheurs dans le cadre d’une haute école ou d’une université, en Suisse ou à l’étranger, devront se tourner un jour vers le secteur privé. Comment leur parcours académique sera-t-il apprécié dans le secteur privé, qui tend à rechercher des compétences professionnelles du type "plug & play", soit le recrutement d'une personne ayant tenu la même fonction, de préférence dans la même industrie? Souvent l’ingénieur titulaire d’un doctorat sera perçu par les PME comme un hyperspécialiste dont l’intégration dans l’entreprise pourrait s’avérer aléatoire. Voir aussi https://www.letemps.ch/economie/recruteurs-misez-destinee-vos-candidats-histoire.

LÉGITIMITÉ DE LA TRANSITION

D’autre part, au cours d’une carrière professionnelle, il est légitime de vouloir changer de secteur, d’industrie ou de département. Dans ce cas, comment convaincre son futur employeur que les compétences professionnelles préalables sont particulièrement pertinentes pour le poste convoite? Comment convaincre une PME ou une multinationale de la pertinence d’une expérience start-up très intense mais qui s’est terminée par un échec (voir https://www.linkedin.com/pulse/lexp%C3%A9rience-start-up-un-atout-sur-le-march%C3%A9-du-travail-laurent/) ?

SUPPRIMER LE JARGON

Dans tous ces cas, il est important de mettre en avant principalement dans son CV les compétences professionnelles transférables et d’éviter toute référence à des sujets de recherche fondamentale ou tout jargon spécifique à son dernier employeur ou à son pays d’origine. Cela commence par une courte biographie permettant de vous positionner de manière crédible dans le secteur convoité, puis par une présentation de vos compétences transférables et transversales, réparties typiquement en catégories.

Si vous êtes un ingénieur qualifié ou un dirigeant technique, les compétences à mettre en avant sont typiquement celles qui ne font pas référence à la technique, soit les compétences sociales (soft skills), en gestion de projet ou d’entreprise, commerciales, en montage de partenariats, etc. Votre parcours professionnel doit, quant à lui, être synthétisé et vulgarisé afin que votre nouvel employeur puisse le comprendre facilement.

OUTSIDERS COMME VECTEURS D’INNOVATION

Dans des secteurs qui présentent un manque de professionnels qualifiés, l’apport de collaborateurs provenant d’autres secteurs peut s’avérer très profitable pour les entreprises; ces nouveaux collaborateurs amènent également souvent un savoir-faire différent qui peut engendrer des innovations déterminantes. Cela demande plus de travail d'évaluation des candidats et une certaine prise de risque de la part de l'entreprise qui doit miser sur l'adaptabilité et le potentiel du candidat, plutôt que sur son parcours professionnel à ce jour.

Publié dans 24Heures et Tribune de Genève le 24.1.2019

Jacques Laurent
Managing Partner